Formalität zu thun, die aber unentbehrlich war
2. In dieser Hinsicht, wie auch in mancher anderen, bin ich mit meiner Reise sehr zufrieden. Ich gehe jetzt nach Paris und werde da bis zum Frühjahr bleiben. Dann geh' ich nach Baden und freue mich schon jetzt auf Ihren Besuch, der hoffentlich langer währen wird, als im vorigen Jahr
3. Ich werde gern mit einigen hiesigen Buchhändlern wegen der Uebersetzungsangelegenheit spre-chen: das Résultat werd ich Ihnen mitteilen
4. Sie sprechen mir wohl von Plackereien, die Sie ausgestanden haben - aber nicht von Ihrer Gesundheit. Ich deute dies Schweigen gut und hoffe, dass Sie wenigstens körperlich nicht leiden. Mein Fussübel (das wahrscheinlich gichtischer Natur war) ist verschwunden - und ich fühle mich sonst wohl. Nur ist hier das Wetter so schlecht - kalt glauben Sie viel-leicht? - nein, nass und trüb. Grüssen Sie vielmals Frau Nelidoff und Heyse und empfangen Sie die Versicherung meiner Hochachtung.
25 января (6 февраля) 1864. Петербург
Samedi сe 6 février/ 25 janvier 1864.
Chère et bonne Madame Tourguéneff. je suis enchanté que la lettre du libraire que vous m'envoyez ne m'ait pas trouvé à Paris - car cela m'a procuré le plaisir d'en recevoir une de vous1. Je vous en remercie beaucoup et je vous prie de croire que les sentiments d'amitié et de reconnaissance que je vous ai voués, sont sincères et durables. Les nouvelles que vous me donnez de vous et des vôtres m'ont vivement intéressé; je suis heureux d'apprendre que la santé de Mr Tourguéneff est bonne cette année. Il ne doit pas non plus trop se préoccuper de l'état actuel des affaires: à tout prendre, la position de la Russie s'est beaucoup améliorée et c'est ce qui est le plus important pour le patriotisme éprouvé de votre mari2.- Ma fille vous aura probablement dit l'issue heureuse de mon affaire avec le Sénat; mes juges ont été d'une courtoisie parfaite: à vrai dire, il n'y a eu ni interrogatoire ni confrontation; l'accusation était par trop insignifiante - et il n'y a eu qu'une formalité à remplir, formalité indispensable, j'en conviens volontiers3.- Je vais régler quelques affaires urgentes {Далее зачеркнуто: indispensables}4 et je pars pour Paris, où ma présence est bien nécessaire. Je compte y être au commencement de mars, nouveau style.
L'intérêt que vous avez la bonté de témoigner à ma fille fait que je n'hésite pas à vous dire deux mots d'une affaire qui ne vous est pas restée inconnue. Je le fais d'autant plus volontiers que j'attends de vous un bon conseil. Il s'agit de Mr Pinet. Il paraît que si la personne en elle-même est parfaitement honorable, sa position (de syndic des faillites) ne l'est pas autant qu'on pourrait le désirer. Qu'y a-t-il de vrai dans tout cela? Je serais désolé que le mariage de ma fille la plaèât dans une position difficile ou délicate. Ayez la bonté de me dire franchement votre avis là-dessus, qui serait naturellement d'un très grand poids dans mes décisions.
Présentez, s'il vous plaît, mes meilleurs souvenirs à Mr Tourguéneff et à tous les vôtres - et acceptez pour vous-même l'expression de mes sentiments les plus sincèrement dévoués.
25 января (6 февраля) 1864. Петербург
Суббота, 25-го янв./6-го февр. 1864.
Любезный брат Николай Сергеевич, я получил из Бадена от Виардо известие, что ты писал ко мне туда и беспокоился о моем здоровье и т. д.1 Он уже ответил тебе, а я могу сказать теперь от себя, что я здоров, дело мое в Сенате приняло очень благоприятный оборот2 и я нахожусь здесь единственно для окончания некоторых дел и для свидания с дядей, которого жду сюда дней через 103. Через месяц я выезжаю отсюда, с разрешения Сената, пробуду в Париже до весны, где надеюсь наконец выдать Поленьку замуж, а там - в Баден - на неопределенное время - и милости просим пожаловать ко мне погостить, Schillerstrasse, No 277, bei Hn Anstett. Я и не знал, что ты основался в Дрездене. Виардо выслал мне твой адресс. Надеюсь, что ты здоров и в бодром духе. Напиши мне два слова сюда.
Обнимаю тебя, кланяюсь Анне Яковлевне и остаюсь
25 января (6 февраля) 1864. Петербург
Суббота, 25-го янв. 1864.
Ну-с, милейший А<фанасий> А<фанасьевич>, прибыли Вы благополучно в первопрестольный град вместе с прелестными старцами, Мёрике1 и Дон-Базилием2? Черкните-ка словечко - да пришлите масловские письма3.- Но представьте, какой я оказался телятиной! Вместо чепуховатой г-жи Зыбиной 4 мне бы следовало отвести Вас купно с романсами к г-же Абазе (урожденной Штуббе), и Вы бы насладились! Вчера я показал ей два первых напечатанных романса5 - и она их так пропела сразу и так аккомпанировала, что я растаял. Что значит настоящая, музыкальная, немецкая кровь! Эта и грамматику знает и в реторике сильна. Кстати, она чуть не влюблена в Василья Петровича - и хочет устроить для него квартет с Рубинштейном, Давыдовым, Венявским... четвертый персонаж будет чуть ли не сама святая Цецилия6. И романсы она хочет спеть все торжественно. Будет хорошо - а альбом Вы получите немедленно, как только он выйдет.
Прочел я после Вашего отъезда "Поликушку" Толстого7 и удивился силе этого крупного таланта. Только материалу уж больно много потрачено - да и сынишку он напрасно утопил. Уж очень страшно выходит. Но есть страницы поистине удивительные! Даже до холода в спинной кости пробирает - а ведь у нас она уже и толстая и грубая. Мастер, мастер!
Юный редактор "Библиотеки для чтения"8 просил меня узнать от Вас, не будет с Вашей стороны препятствия к перепечатке Вашего стихотворения из "Московских ведомостей"9 в статье о Дружинине, долженствующей явиться в первом номере его журнала10? А Вы, злодей, оставили: донесен в могилу11.
Кланяйтесь добрым приятелям, а главнейше Вашей милой жене, Будьте здоровы.
28 января (9 февраля) 1864. Петербург
Mardi, 28 janvier/9 février 1864.
Theuerste Freundinn, j'ai reèu deux lettres à la fois de Leipzig avec la photographie de ma chère petite Didie - et je vous dis merci de toutes mes forces. Je regrette beaucoup que ma lettre n° 7 se soit égarée - mais heureusement j'avais répété la grande nouvelle dans le n° 8 - et vous l'avez apprise immédiatement1.- Je suis fort content d'apprendre que vous n'allez pas à Brème; ce voyage lointain, par les froids qu'il fait encore, ne me souriait guère et je préfère mille fois vous savoir tranquille dans votre bon nid de Bade, où je vous adresse cette lettre.- Je m'imagine dans ce moment que vous devez vous trouver fort bien à Leipzig; un public qui vous aime, des artistes qui vous admirent et vous comprennent, une bonne amie qui vous soigne et qui, par parenthèse, me devient par là encore plus sympathique qu'auparavant2... Tout cela me réjouit le cœur. Je ne doute pas de l'arrivée de Pietsch (à propos, je lui ai donné plus d'une fois de l'argent - et il en acceptera de vous); en voilà encore un qui vous est dévoué. Envoyez-moi, je vous prie, quelques fragments de journal, ou quelques copies de fragments: cela peut servir et surtout cela me fera grand plaisir {Фраза зачеркнута карандашом, по-видимому, Полиной Виардо.}.
Ne craignez pas que la publication de votre album retarde mon départ: dans trois semaines d'aujourd'hui, jour pour jour (toujours sous la réserve du si Dios quiere) - je me mets en route - et je ne m'arrête qu'à Bade.
La revue qui doit publier ma "fantaisie" vient de recevoir enfin l'autorisation de reparaître - et son programme a paru aujourd'hui avec l'annonce de ma nouvelle chose3, etc. Le sort en est jeté - et si le public se moque de moi, eh bien! je m'en consolerai assez facilement.- J'ai votre approbation, le reste est peu de chose.- On m'apportera les épreuves dans deux ou trois jours.- J'aurai mon passeport samedi.
Il fait de nouveau très froid et ma vieille toux (car j'ai plus d'une légitime) a reparu. Mais j'y fais peu d'attention - et je ne sors pas, si elle me gêne trop. L'air froid l'irrite.- Mon pied va parfaitement - je n'y pense plus - et la santé générale est très bonne.
Dites aus enfants que j'attends encore la réponse à la lettre que je leur ai écrite4 et j'espère bien que cette {Далее зачеркнуто: lettre} réponse sera illustrée par Didie.- J'ai bien illustré ma lettre! - Dites aussi à Didie que je rapporte une grande collection de contes russes: il y en a de très amusants5.- Il ne faudra pas perdre une seule minute des 5 ou 6 jours (pas davantage, hélas!) que je passerai à Bade avant de retourner à Paris.
Mille amitiés à Viardot (auquel j'ai écrit dernièrement)
6 et à tout Bade; - mille bons baisers aux enfants et un shakeliands cordialissime, accompagné des meilleurs vœux - à vous. Portez-vous bien et n'oubliez pas
28 января (9 февраля) 1864. Петербург
Любезнейшая Александра Ивановна,
Сейчас получил я известие, что, вследствие неразборчивости моей рукописи, корректурные листы моей повести будут у меня не ранее четверга или даже пятницы - а потому мне сегодня вечером не по чем было бы читать мою повесть1. А потому прошу у Вас позволение отложить это чтение до субботы, когда я уж наверное буду иметь корректурные листы в руках.
Я Вас увижу завтра вечером - а до тех пор прошу Вас принять уверение в совершенной моей преданности.
Вторник утром.
31 января (12 февраля) 1864. Петербург
Vendredi, 31 janvier/12 février 1864.
Chère et bonne Madame Viardot, votre lettre n° 10 (et qui est en réalité n° 12) datée de Leipzig le 7 février m'est arrivée hier - et tout en me faisant un plaisir infini, elle m'a fait de la peine en me confirmant le fait de la disparition de quelques-unes de mes lettres. Je vous en ai écrit 5 à Leipzig (du n° 7 au n° 12) et jusqu'à présent vous n'en avez reèu qu'une1! - Celle que vous avez reèue était-elle adressée: "Ritterstrasse n° 4" ou bien: "zu erfragen im Gewandhaus"? Cela me cause d'autant plus de peine que toute réclamation faite ici n'aboutit à rien.- Il faut se résigner à cette fatalité, qui semble ne frapper que mes lettres - car les vôtres me sont toutes arrivées heureusement!
NB. Cette lettre-ci, le n° 14, est la seconde que je vous adresse de nouveau à Bade.
A propos de Bade, j'ai reèu la lettre de Viardot, avec la missive collective des trois enfants.- J'ai vu avec plaisir que tout va bien dans ce cher petit pays et que l'on s'y porte parfaitement. Louise va s'installer chez Mme Anstett dès le 15 mars! Je suis sûr qu'elle y sera aussi bien soignée que possible et que rien ne manquera pour l'aider à franchir le moment périlleux.- Comme je compte revenir à Bade le 8 mars au plus tard - et que j'y resterai une semaine environ - je pourrai encore voir les deux époux avant de partir pour Paris. N'ayant pas d'occupations fixes, Ernest s'ennuiera un peu - je le crains - et je ne vois pas trop comment il dépensera son excédent d'activité; mais il aura de graves préoccupations - à quand l'époque de la naissance de votre petit-fils ou fille2?
L'album marche avec plus de lenteur que je ne le voudrais.- Mme Abaza est tout à fait enthousiaste des "Mitter-nächtige Bilder"3; cela fait honneur à son goût et à son instinct musical. L'éditeur de l'album4 est un bredouilleur qui dit: Oui, oui à tout et qui a surtout l'air de ne douter de rien: je n'aime pas trop ces gens-là.- Mais je lui mets l'épée dans les reins. Botkine n'est pas encore revenu de Moscou. Mais je l'attends de jour en jour.- Je suis en train de négocier une nouvelle édition de mes œuvres: je ne m'attendais pas, je l'avoue, à ce que la précédente fût déjà épuisée et je tâcherai de ne pas me laisser voler comme l'autre fois5.
Cet argent viendra à point pour la noce... Mais aura-t-elle lieu, cette noce6?
Je suis obligé de ne pas trop sortir de chez moi: ma toux s'exaspère quand je respire un air froid.- Du restei je vais très bien.
Je suis très heureux que le public de Leipzig vous apprécie et vous aime. Y a-t-il jamais eu une cantatrice ayant joué un morceau de piano dans le même concert? - On reèoit ici Г"Illustrierte Zeitung" et j'y guette l'article où l'on parlera de vous. Ce que vous me dites de Mme Niemann ne m'étonne pas; c'est une de ces natures du nord de l'Allemagne, que je connais - pur troppo et qui ne peuvent intéresser qu'un public honnête, civilisé et au fond vulgaire. Médiocre, froid et ingénieux - va te promener! - Tout ce que vous avez dit est excellent.- Theuerste Freundinn, je sors pour chercher un passeport.- Envoyez-moi, s'il vous plaît, les n
os de mes lettres que vous avez reèues? - Devinez quel est le vieux bonhomme dont je vous envoie la photographie
7.- Il se met à vos pieds et dit mille choses à tout le petit monde.
31 января (12 февраля) 1864. Петербург
Не сердитесь на меня, пожалуйста, любезнейшая Александра Ивановна - но у меня сегодня так болит грудь, что я не только читать - я выехать не могу. Покорно прошу извинить меня перед Вашей сестрой
1, и примите уверения в совершенной моей преданности и таковом же сожалении. Посылаю Вам отдельный оттиск моей повести.
Пятница утром.
3(15) февраля 1864. Петербург
Chère et bonne Madame Viardot, j'ai reèu votre petit billet de Leipzig avec les variantes de la "Птичка"1, mais vous savez probablement déjà que Bodenstedt m'a envoyé une traduction entière2 et que c'est elle naturellement qui passera. Les premières 6 romances sont complètement gravées. Johansen m'a juré que les autres le seront avant la fin de la semaine prochaine.- Je pars d'ici, toujours si Dios quiere, mercredi, le 19 février/2 mars, c'est-à-dire dans un peu plus de quinze jours. Jamais les instants ne m'ont paru plus longs. Je tâche de travailler pour les faire passer plus vite. Nous avons eu hier une séance de notre société de secours aux littérateurs indigents. On s'attendait à quelques interpellations de la part des impatients, de ceux qu'on nomme ici (en adoptant un mot que j'ai introduit dans les "Pères et enfants") les nihilistes, qui nous trouvent trop prudents: mais tout s'est fort bien passé, les élections dans le comité ont été faites dans le sens modéré (on m'a nommé membre, ainsi que président d'une commission de révision)3. Puis il У a eu un dîner en honneur de notre défunt confrère, Droujinine4; nous avons beaucoup parlé sans dire grand-chose, nous avons beaucoup bu et mangé - moi surtout - ce qui m'a attiré une assez forte indisposition (vous me reconnaissez là, n'est-ce pas?) mais aussi, il y avait des truffes. Je n'ai pris qu'un peu de thé aujourd'hui et je vais me coucher avec une faim canine, que je n'assouvirai pas.
"Je viens de corriger les épreuves de ma "fantaisie"?. Le sort en est jeté.- On me dira des injures - ou des éloges,- comme on voudra, j'y serai pas mal indifférent, et vous n'en douterez pas quand vous saurez que la revue ne paraîtra que quand je serai à Bade. Vous y êtes dans ce moment, vous arrivez peut-être et ma pensée vous suit et vous accompagne au moment où vous rentrez dans votre cher petit nid. Ne faites pas trop la fière, moi aussi je ferai la même chose dans peu de temps. (N'oubliez pas, je vous prie, les renseignements sur la position d'un syndic de faillite: je vois, d'après une lettre de Paulinette que je viens de recevoir, que ce mariage lui tient plus à cœur qu'elle le disait auparavant ou qu'elle le croyait elle-même peut-être6. Oh! maillot rose, que tu es difficile à attraper!)
J'ai passé la soirée chez une Mme Winogradski, dont Pouchkine a été amoureux dans sa jeunesse. Il lui a adressé plusieurs pièces de vers, qui comptent parmi les plus belles de notre langue. Elle a dû être très jolie, et tout en étant très bonne enfant (elle n'a pas d'esprit) elle conserve encore les manières de quelqu'un habitué à plaire. Elle garde religieusement les lettres que Pouchkine lui a écrites: elle m'a montré un pastel à demi effacé qui la représente à 28 ans: une figure blanche, blonde, très douce et naïvement gracieuse, avec beaucoup de simplicité dans le regard et le sourire... un peu femme de chambre russe, à la Paracha. Si j'avais été Pouchkine, je ne lui aurais pas écrit de vers. Il paraît qu'elle désirait beaucoup me voir et comme c'était son jour de fête, mes amis m'ont mené chez elle comme un bouquet. Elle a un mari qui a vingt ans de moins qu'elle: un intérieur aimable, assez touchant même et comique7.
Adieu, jusqu'à mercredi... et puis dans quinze jours. Portez-vous bien. Dites mille choses à tout le monde. Je vous baise bien tendrement les mains.
4(16) февраля 1864. Петербург
Mardi, 4/16 février 1864.
Chère Paulinette, il faut pourtant que je tienne ma parole et que je t'écrive enfin cette lettre que je t'ai promise depuis si longtemps. J'en ai reèu deux ou trois de toi qui m'ont fait beaucoup de plaisir. Il me semble que tu commences à prendre la vie plus au sérieux et je serais on ne peut plus content, si je voyais disparaître tes autres petits défauts, que je n'ai pas besoin de nommer, car tu les connais tout aussi bien que moi. Autant que je puis lire entre les lignes, je crois pouvoir conclure que Mr P ne t'est pas tout à fait indifférent; mais vous avez très bien agi en arrêtant les choses jusqu'à mon retour qui ne saurait tarder: nous verrons alors ce qu'il y a à faire et s'il faut laisser subsister le status quo ou en sortir. J'avoue que je ne comprends pas bien ce qu'il peut y avoir de déshonorant dans l'état d'un syndic de faillite; pourtant, quoique je ne tienne pas du tout à ce que tu aies une position de grand monde - je ne voudrais pas t'en voir occuper une qui t'empêchât de fréquenter ta société habituelle sur un pied d'égalité1. Enfin nous verrons tout cela - et bientôt, je l'espère - car je compte bien retourner à Paris dans trois semaines au plus tard.
Quant au militaire dont a parlé Mme Delessert2, je crois que tu as eu raison dans tes répugnances. Mais j'ajoute, en thèse générale, que nous ne sommes pas à même de faire trop les difficiles - je veux dire - de repousser les gens uniquement en raison de l'habit qu'ils portent.
Je porte Mme Delessert et toute la famille Tourguéneff dans mon cœur pour toutes les bontés qu'ils te témoignent et je suis très peiné d'apprendre que la santé d'Albert ne s'améliore pas. Dis-leur mille choses de ma part. Mme Tourguéneff a-t-elle reèu ma lettre3? J'ai vu le cousin de Mr Joanne: Mr Duloup n'est pas encore arrivé.
Mme Olga Somoff demeure à Tsarskoïe Selo, près de Pétersbourg. En mettant cette adresse, tu peux être sûre que ta lettre arrivera à sa destination.
Je te recommande ton piano que tu as bien négligé depuis quelque temps. Quant à l'allemand, il paraît que tu as une espèce d'antipathie contre cette belle langue, car malgré tes aptitudes manifestes et ton application, tu trouves que tu ne fais pas de progrès. Il faut s'en consoler.
A bientôt, ma chère fillette, je t'embrasse bien tendrement.
6(18) февраля 1864. Петербург
Jeudi, ce 6/18 février 1864.
Chère et bonne Madame Viardot, j'ai reèu coup sur coup vos deux dernières lettres de Leipzig, la grande et la petite. Les changements que me demande la petite pour le "Шёпот" sont malheureusement irréalisables: c'est déjà gravé1.- Il est vrai que ces deux vers sont pas mal obscurs - mais enfin il y a le nom de Bodenstedt, qui est une autorité et qui doit répondre pour sa traduction.- Elle pourra être changée pour la collection, je veux dire l'album qui paraîtra chez Breitkopf: (cette nouvelle m'a extrêmement réjoui). Nous arrangerons cela à Bade2.- Bodenstedt m'a envoyé une nouvelle version corrigée de "Ночью, во время бессонницы", mais comme cette romance est du nombre des exclues, je la garde jusqu'à mon retour3. Les 4 premiers vers de la seconde strophe de la "Птичка" seront comme vous le désirez4.- Tout l'album paraîtra sans faute vers la fin de la semaine prochaine5.
Votre grande lettre m'a fait un plaisir infini.- Tous les détails de votre séjour à Leipzig, de la connaissance que vous avez faite de R. Franz me sont précieux6.- J'ai lu à Mme Abaza le passage qui la concernait: elle vous remercie beaucoup et m'a prié de vous faire savoir qu'elle est toute fière de ce que vous dites d'elle.- Elle s'occupe beaucoup de la soirée où se produira l'album: je lui ai écrit les paroles russes - et elle les apprend par cœur.- Il y a ici un bon ténor de société: nous lui ferons chanter les "Две розы", etc.7
Je ne voudrais pas aller à Moscou: cela ne retarderait pas mon départ - car je n'y resterais que 2 jours; mais j'ai pas mal de choses à faire encore ici et je voudrais pouvoir éviter la fatigue de ce voyage avant de me mettre en route pour Bade. J'ai un peu conscience de faire voyager mon pauvre bonhomme d'oncle8. Enfin nous verrons. Dans tous les cas, le {Далее два слова зачеркнуты.} 19 lévripr/2 mars il faut que je sois en wagon sur le chemin de Königsberg.
Je reviens d'un grand bal paré, donné à l'assemblée de la noblesse9. C'était fort brillant. Beaucoup de belles toilettes et peu de belles personnes, des cheveux poudrés ou bien flottants, retenus seulement par un large ruban. C'est la grande mode.- J'ai vu l'Empereur et je lui ai trouvé fort bonne mine. L'immense mazourka se déroulant dans toute la largeur et la longueur de la salle faisait beaucoup d'effet: pourtant, les cabrioles de quelques-uns des messieurs m'ont paru passablement sauvages. Us avaient un peu l'air d'un tas de chevaux échappés {Далее фраза зачеркнута.} - avec moins de naturel. La valse du "Faust" de Gounod faisait fureur.- A propos de "Faust", le succès de cet opéra continue: on ne peut presque jamais trouver de place10. Un petit scandale s'est passé dernièrement au théâtre Italien d'ici s Graziani a donné un soufflet au mari de Mme Fioretti: on leur a imposé une amende à tous les deux - et tout a été dit. J'ai retrouvé pas mal d'anciennes connaissances au bal: on me trouve blanchi, pour ne pas dire vieilli. J'ai trouvé aussi que le temps ne rajeunissait pas. J'ai {На полях против текста: les deux ~ J'ai fait quelques помета рукой Тургенева: style neglige <небрежный слог>.} fait quelques quiproquos: j'ai pris un Mr Nikolski pour le chanteur Nikolski (du théâtre d'ici) - je me suis mis à faire des compliments (notez que je n'ai jamais entendu le chanteur en question - je ne suis pourtant pas allé aussi loin que Komaroff, vous vous rappelez? dans votre loge) et le monsieur en a été choqué, etc.
Je vous écrirai samedi mon n° 17.- En attendant^ je dis mille choses aimables à tout le monde et vous serre bien cordialement les deux mains.
8, 9 (20, 21) февраля 1864. Петербург
Samedi, ce 8/20 février 1864.
Chère et bonne Madame Viardot,
Je viens de recevoir une lettre de mon frère de Dresde d'une nature assez inquiétante1.- Il paraît qu'il est gravement malade - il me parle d'une plaie qu'il a sur la langue, de la nécessité d'une opération, etc.- Je sais qu'il s'effraie et qu'il exagère facilement - pourtant je ne puis me dispenser d'aller le voir en passant par Dresde, ce qui me fera faire un petit détour et retardera mon arrivée à Bade d'un jour, pas davantage.- Il me serait impossible de rester plus longtemps - car il faut que je retourne vite à Paris, si ce mariage doit se conclure. Et je voudrais bien qu'il se fît pour Paulinette surtout, car je crois qu'elle trouverait difficilement un meilleur parti. Il paraît que Mr P est très sérieusement épris, car il a déclaré à Mr Duloup, que je viens de voir, qu'au besoin il prendrait Pauline sans un sou de dot. C'est la famille Tourguéneff (de Paris) qui, tout en voulant du bien à Paulinette, lui fait du tort: il ne faut pas oublier ce qu'il y a de délicat et de difficile dans sa position - et elle n'a pas du tout besoin de hanter le grand monde2.
L'album avance maintenant à grands pas: tout est gravé, il n'y a plus qu'à corriger les épreuves des deux dernières romances.- Je ne vais décidément pas à Moscou: j'ai écrit dans ce sens à mon oncle3 - et il faudra bien qu'il vienne.- La maladie de mon frère hâte encore plus mon départ: je remuerai ciel et terre pour pouvoir m'en aller mardi prochain - cà-d dans 10 jours.
Dimanche soir.
Voilà trois jours que je n'ai pas de lettre de vous, theuerste Freundinn - et voyez comme vous m'avez gâté! Je commence à m'inquiéter un peu. Je ne sais pas comment vous avez fait le voyage de Weimar à Bade; puis, dans votre dernière lettre, vous me dites que V est un peu souffreteux.- Allons! espérons pour demain! - Je viens d'assister à la lecture d'une espèce de chronique en vers (à la "Götz de Berlichingen"4), écrite par un de mes amis, un Mr Polonski s; avec Feth et un Mr Maïkoff il compose la triade de nos poètes contemporains; le sujet est très scabreux: c'est un tableau de ce qui se fait maintenant en Pologne. L'auteur s'efforce d'être impartial - mais ce n'est pas facile - et puis tout cela est encore trop rapproché de nous pour que l'art puisse s'en emparer. Il y a dans l'œuvre de Polonski5; des longueurs atroces, des rêvasseries fades ou embrouillées, le principal personnage est nul et sans caractère (ce qui arrive extraordinairement souvent), mais il y a de très belles scènes, des figures et des choses touchantes, et parfois un vrai souffle de poésie.- Ce que l'auteur imagine - où il s'efforce - est généralement faible; ce qu'il dit naïvement, je dirais presque involontairement - est souvent très beau. Je crains que la censure ne mette son veto à l'apparition de cette œuvre, très remarquable après tout.
J'ai vu le comte Mathieu
6; il m'a beaucoup questionné sur vous.- Le pauvre homme a une vraie bosse au milieu du dos.- Il vous aime et vous estime sincèrement, ce qui fait que je le trouve charmant.- Il aura un des premiers albums. Rubinstein, Seroff, Théophile Tolstoï, Mme Abaza, Mlle Niessen (que j'ai rencontrée chez Rubinstein), Mme Ad-lerberg, Dargomijski, Mme Guirs, Mlle Rahden etc. en auront aussi.- J'ai entendu dernièrement à un concert une sérénade de Schubert pour cinq voix de femmes - charmante
7.- Il n'y aura plus que 4 N-os de Pétersbourg.- Le 22 sera envoyé de Dresde - et il n'y aura
pas de 23
8. Oh quel bonheur!.. A bientôt.Mille choses à tout le monde. Je vous embrasse bien tendrement les deux mains.
10-13 (22-25) февраля 1864. Петербург
Lundi, 10/22 février 1864.
Pas de lettre encore aujourd'hui, chère Madame Viardot! J'espérais pourtant bien en avoir une.- Patience!
Mardi soir.- La poste n'a rien apporté aujourd'hui.- Voici une semaine juste que je n'ai pas de lettre.- Dans d'autres circonstances je ne m'en serais pas inquiété: mais maintenant toutes sortes d'idées biscornues me trottent par la tête.- Je suis sûr que l'explication de ce silence sera toute naturelle - ne fût-ce que celle d'une lettre perdue... pourtant... Pourtant je ne puis rien écrire - et je vais me mettre à attendre la soirée de demain.
Mercredi, 12124 fév. 4 heures. Quel bonheur! Je reèois à l'instant même votre chère lettre de Bade... Je suis bien heureux et vous remercie un million de fois.
Jeudi matin.- Je suis bien content {Далее зачеркнуто: que} de vous savoir de retour à Bade, entourée de tout votre petit monde.- Vous allez maintenant travailler au texte allemand d'"Orphée".- On va peut-être le donner en ma présence dans quinze jours à Carlsruhe.- A propos d'"Orphée", le Gd duc de Weimar est très gentil - et je le gratifie de mon estime1. Ne m'écrivez plus à Pétersbourg - écrivez-moi poste restante à Dresde2.- Il est fort possible que je ne m'arrêterai pas du tout à Berlin.- Dimanche en huit, à 3 1/2 h. Silence! Silence3!
Je vous ai envoyé ma photographie plutôt comme caricature que photographie. Je ne sais pas ce que j'ai fait au soleil, mais il me traite constamment fort mal. Il ne faut pas que vous vous imaginiez que je suis malade: au contraire, je me sens fort bien et l'on me trouve une mine superbe.- Je vous rapporterai une grande photographie de moi, qu'on a faite ici il y a deux ans et qui est belle4. Imaginez-vous que je vais très probablement lire en public lundi prochain mes "Fantômes"! Cela a été, on peut le dire, improvisé par le président de la société de secours aux gens de lettres pauvres5.- Je suis membre de cette société et il m'a été impossible de refuser. Je m'attends à un fiasco - ce n'est pas une de ces choses qu'on puisse lire devant un public nombreux, à la lueur d'une foule de bougies, etc. Il y aura des chut! de la part d'une partie de la jeunesse, qui ne m'a pas pardonné mon dernier roman6 - et le Président m'a avoué qu'il spéculait un peu là-dessus pour attirer du monde.- Enfin! le mal ne sera pas très grand et je tâcherai de lire vite pour que le public n'ait pas le temps de s'impatienter.- D'un autre côté, il faut lire distinctement et avec expression...
Je vous écrirai et surtout je vous raconterai le résultat.
On me fait une autre proposition que je n'accepterai pas.- Le sénateur Milutine, que vous connaissez, et qui est chargé par l'Empereur d'introduire en Pologne les mêmes réformes (l'émancipation des paysans avec droit sur leurs terres, etc.) que celles qu'on a réalisées en Russie, m'a demandé d'aller avec lui en Pologne et d'y rester quelques jours pour y assister aux premiers commencements de cette grande mesure7.- C'est plus qu'intéressant, c'est de l'histoire - mais j'ai refusé pour beaucoup de raisons, que je n'ai pas besoin de vous énumérer, et dont la principale est que je veux être à Bade le 5 ou 6 mars.- N'est-ce pas que j'ai bien fait?
A bientôt. Mille amitiés à tout le monde. Je vous serre bien fortement les deux mains.
10(22) февраля 1864. Петербург
Понедельник, 10/22-го февр. 64.
Милый брат, я получил твое письмо1 - и очень огорчился известием о твоей болезни. Я выезжаю отсюда через неделю с небольшим - и непременно заеду к тебе в Дрезден, куда я намерен прибыть, если бог даст, в пятницу или в субботу - т. е. 4-го или 5-го марта нового стиля. Хотя рана на языке - вещь неприятная, однако тебе не должно предаваться преувеличенным опасениям: мать г-жи Тютчевой, Александра Балтазаровна, имела большую рану на языке и вылечилась полосканиями. Главное - не надо ни унывать, ни падать духом: немножко терпения - и всё исправится.
До скорого свидания. Поклонись от меня Анне Яковлевне, г-же Рашет, Случевскому. Дружески жму тебе руку и остаюсь
10(22) января - 14(26) февраля 1864 (?). Петербург
В ответ на Ваше любезное письмо мне остается только извиниться перед Вами в несдержании моего слова1, и, чтобы хотя несколько загладить мою вину, прошу у Вас позволения приехать к Вам послезавтра вечером на чашку чаю.
С совершенным уважением остаюсь
Конец 1859-16(28) февраля 1864 (?). Петербург
Позвольте, любезнейшая графиня, прибегнуть, как говорится в официальных бумагах, к Вашему высокому покровительству: достаньте мне билет на завтрашний бал в Дворянском собрании1. Я Вам буду крайне обязан. Сегодня вечером, около полуночи, я буду иметь удовольствие явиться к Вам.
Будьте здоровы - и спасибо заранее.
Воскресенье утром.
18 февраля (1 марта) 1864. Петербург
Почтеннейший Иван Матвеевич - я всё надеялся встретиться с Вами - но это не удалось - и теперь, будучи на отъезде, решаюсь обратиться к Вам письменно. Дело вот в чем. В Вашем министерстве служит в качестве контролера Почтового департамента мой хороший знакомый Николай Дмитриевич Дмитриев, которого я позволю себе рекомендовать Вашему высокому вниманию. Я сблизился с ним вследствие его литературных работ, немногочисленных, но показывающих художника и мыслящего человека - сочетание довольно редкое в наше время. Позволю себе указать Вам на некоторые его статьи - именно: "Лес" в "Отечественных записках" (12 No 1859-го г.) и "Кивач" в 9-м No "Русского вестника" 1863-го г. Эта последняя статья может еще потому интересовать Вас,: что в ней описывается водопад на реке Суне в Олонецкой губернии, куда, я слышал, Вы собираетесь сделать небольшое путешествие. Зная Вашу любовь к родной словесности, я уверен, что Вы не откажетесь, в случае нужды, удостоить Вашим покровительством г-на Дмитриева, который, я Вам ручаюсь, вполне его заслуживает как хороший писатель и как дельный чиновник. Старинные наши связи, которыми я очень дорожу, дают мне смелость обратиться к Вам с моей просьбой или скорее с моей рекомендацией.
Примите уверение в моем совершенном уважении и глубокой преданности.
9(21) января - 20 февраля (3 марта) 1864 (?). Петербург
Любезнейшая графиня, постараюсь заехать к Вам сегодня же вечером или завтра - au plus tard - чтобы узнать, какой я вредный писатель.
Благодарю Вас за обещание насчет моего бывшего камердинера1.
Дружески жму Вам руку и остаюсь
Четверг.
9(21) января - 20 февраля (3 марта) 1864 (?). Петербург
Я непременно буду у Вас, любезнейшая Ольга Алексеевна, завтра - около 10 часов вечера. А потому говорю Вам до свиданья и дружески жму Вам руку.
Четверг.
Hôtel de France.