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Тургенев Иван Сергеевич - Письма (1850-1854), Страница 5

Тургенев Иван Сергеевич - Письма (1850-1854)



nos epaules, nous marcherons mieux et plus vite. Je compte retourner a Petersbourg dans six semaines, aller a la campagne des le mois d'avril et y rester jusqu'au mois de novembre. Apres - nous verrons3. Je suis, vous le savez, fort peu propre aux affaires; j'ai l'intention de confier le maniement de mes biens a mon bon et excellent ami Tutchef; mon frere est certainement un homme tout-a-fait honorable et je ne demanderais pas mieux que de le charger de tout cela; mais je crains des mesentendus - il est fort econome, presque avare - il voudra l'etre pour moi - jamais il ne consentirait a la vente d'un bien, si necessaire qu'elle put etre - je desire eviter tous ces tiraillements de famille. J'ai pris la resolution de partager nos biens, C'est a dire c'est lui qui fera le partage - et il le fera certainement mille fois mieux que moi. Je n'aurai jamais moins de 25 000 francs de rente; avec cela on est riche4. Je vous reparlerai encore de tout cela; mais dites-moi, votre mari et vous, ce que vous pensez de ma resolution.
   Chere et bonne amie, je pense bien souvent a vous! -
  

Dimanche.

   Bonjour, chere et bonne amie, meine theuerste, liebste Freundinn. Le comptoir Iazykoff vient de m'envoyer votre bonne et charmante lettre - je me mets a deux genoux pour vous en remercier. La petite Pauline est arrivee,- et elle vous a plu - et vous l'aimez deja! - Chere, chere amie, vous etes un ange. Il n'y a pas un mot dans votre lettre qui ne respire une bonte, une douceur, une tendresse inexprimables. Comment voulez-vous que je ne finisse pas par aimer cette petite a la folie? Vous avez une facon gaie et sereine de faire le bien, qui fait qu'on est heureux comme un enfant de vous en etre reconnaissant. On a l'air de vous rendre un grand service quand on vous donne l'occasion d'obliger quelqu'un. Je ne sais vraiment que dire pour vous faire sentir, combien votre chere lettre m'a emu et touche... Je cherche des mots - je devrais tout bonnement vous repeter que c'est avec adoration que je me prosterne devant vous. Soyez mille fois benie! - Dieux - est-elle heureuse - cette petite! C'est pour le coup qu'elle se trouve dans la poche de cote de Jesus - comme dit un proverbe russe en parlant des gens bien fortunes.- Tant mieux si elle n'a pas seulement de l'intelligence - il faudrait que sa nature fut bien mauvaise pour ne pas attraper un peu de bonte a vos cotes. J'espere encore que tout ce grand changement la sauvera. Embrassez-la de ma part, je vous en prie. Maintenant que je suis devenu plus riche, je ne crains pas d'aller jusqu'a mille francs par an; faites-lui apprendre le piano. Je vous enverrai de l'argent dans une dizaine de jours. Je suis bien heureux de penser que vous lui ayez trouve de la ressemblance avec moi et que cette ressemblance vous ait fait plaisir. Envoyez-moi un petit portrait au crayon d'elle, fait par vous. Je vous repete que je finirai par m'at tacher completement a elle, du moment ou je saurai que vous l'aimez... Votre succes dans "Les Huguenots" m'a fait un plaisir infini - j'attends avec impatience les details... 5
  

Mardi.

   Guten Morgen, theuerste, liebste, beste Freundinn. Ich kusse mit Anbetung Ihre schonen Hande. Bonjour, chere Madame Viardot. Nous commencons a voir un peu clair dans nos affaires. Ma mere a donne 50 000 roubles a la jeune personne qu'elle avait adoptee 8. Nous nous sommes empresses de reconnaitre cette dette - jusqu'a son mariage elle restera chez ma belle-soeur - et nous lui payons, outre son entretien - 8 p <our> cent par an. Au moment de se marier elle recevra les 50 m. francs. Ma mere n'a pas fait d'autre legs - nous y avons pourvu - et je crois qu'on sera content de nous.
   Chere amie, je n'ai cesse de penser a vous tout ce temps-ci - et a la petite Pauline. Je sens qu'elle me devient chere, puisqu'elle est dans vos mains. Je ne sais combien de fois j'ai relu votre lettre. Il m'est impossible de vous exprimer tout ce que je ressens quand votre chere image qui ne me quitte jamais, se represente plus vivement a ma memoire. Soyez mille fois benie! Donnez-moi des details sur la petite. Continuez-vous a en etre contente - et que dit Mme Renard? Il y a bientot quatre semaines qu'elle est a Paris. Quel nom de famille lui avez-vous donne?7 Je remercie de tout mon coeur la bonne Mme Garcia et mi querida Mme Sitches de leur bienveillance envers elle. Il n'y a pas a dire - vous etes tous des anges - et je vous aime tous a la folie.
   Ici tout le monde me recoit a bras ouverts, le bon et excellent papa Stchepkin tout le premier. Je ne puis pas faire de nombreuses visites - cependant - depuis une semaine que je suis ici j'ai ete deux ou trois fois chez lui - et chez une Comtesse Salias, charmante femme qui a beaucoup d'esprit - du talent - et qui, malgre qu'elle ecrive, n'est pas un bas-bleu. Malheureusement elle est bien souffrante.- La derniere chose que j'ai faite - "Les Chanteurs au Cabaret"8 - ont ici un grand succes.- Je termine ma lettre pour pouvoir vous l'envoyer aujourd'hui. J'en commencerai une autre demain.- Dites a Viardot, que j'embrasse de tout mon coeur, que depuis quelques jours je ne fais que relire Montaigne dans le volume dont il m'a fait cadeau a Petersbourg9. Embrassez Gounod de ma part - et n'oubliez pas de me parler de "Sapho". Mille bonnes choses a tout le monde - pour vous - je me mets a vos pieds. Bei Ihren ]ieben Fiissen will ich leben und sterben. Ich kusse sie stun-denlang und bleibe auf ewig ihr Freund

J. Tourgueneff.

  

164. ПОЛИНЕ ВИАРДО

1, 3, 4, 5, 8, 9 (13, 15, 16, 17, 20, 21) декабря 1850. Москва

  

Moscou.

Vendredi, 1/13 decembre 1850,

   Bonjour, chere et bonne Madame Viardot!
  
   Dimanche.
   Il m'a ete impossible tous ces jours-ci de continuer cette lettre - continuer est joli - mais je puis le dire sans exageration - je n'ai pas cesse un seul instant de penser a vous, ma bonne, douce et genereuse amie - et a la petite Pauline.- Je vous le dis - l'idee de la savoir entre vos mains me la rend chere - elle a raison de vous appeler maman - c'est vous qui en ferez ma fille pour de vrai. J'attends avec impatience une seconde lettre - elles viennent bien tard a Moscou - pour voir si l'impression favorable qu'elle parait vous avoir faite - s'est soutenue.- Pourvu que son coeur grandisse bien vite... J'aime a me le figurer dans le creux de votre main. Sie wissen warum. Mein Leben und mein Herz sind auch da wie friiher. Sie haben es nicht fallen lassen, nicht wahr? Que Dieu benisse mille fois votre chere tete - et comment vont vos yeux?
   On est tres aimable cette annee-ci pour moi a Moscou - et si je voulais, j'irais partout - mais je n'en ai nulle envie. Je vois fort peu de monde - la comtesse Sailhas d'abord - Stchepkine et son fils.- Cette comtesse est une Russe mariee a un Francais, qu'un duel a force de retourner dans son pays.- Elle est spirituelle, bonne, franche; elle a dans ses manieres quelque chose qui vous rappelle - nous sommes de grands amis.- Elle a vecu dans le monde et s'en est retiree.- Elle n'est pas jeune, elle n'est pas jolie - mais elle inspire de la sympathie en vous mettant a l'aise de prime abord. C'est un tres bon signe, comme vous le savez bien. Et puis, elle a un veritable talent.
   Les scelles ne sont pas encore leves chez nous - mais cela ne peut pas tarder.- Je compte retourner a Peters-bourg dans trois semaines.
   J'ai une veritable soif de musique - il est impossible de la satisfaire ici.- Que n'aurais-je donne pour une soiree passee avec Gounod! - Serrez-lui les deux mains de ma part et dites-lui que je l'aime comme un frere. Voudra-t-il faire ce que je lui ai demande1.- Rappelez-moi au souvenir de sa bonne mere - dites a tous mes amis de Paris que je les porte dans mon coeur - je suis sur que Mlle Berthe est tres bonne pour la petite - et je lui en suis fort reconnaissant.- Mais il faut que Pauline vous adore, il n'y a pour elle de salut que dans ce sentiment - il la regenerera - et si sa nature est bonne, elle ne pourra s'empecher de vous adorer. Je vous en prie, quand vous recevrez cette lettre, faites-la venir - et donnez-lui vos deux mains - entendez-vous - vos deux mains a baiser - et pensez a moi, s'il vous plait - pendant qu'elle jouira de ce bonheur - et ecrivez-moi que vous l'avez fait.- Dites-moi si elle commence a faire des progres dans le francais - il faut, sans perdre de temps, commencer a lui enseigner le piano - je dis tout cela - mon Dieu, je sais bien que tout sera fait pour elle par un ange - je ne le dis que pour avoir un pretexte de me remettre a vos genoux...
   Chere, chere, bonne amie, que tout ce qu'il y a de bon au monde soit votre partage.- N'oubliez pas le plus fidele et le plus devoue de vos amis.
  

Lundi, 4/16 decembre.

   Je viens de recevoir votre chere lettre, theuerste, liebste, angebetete Freundinn - cette lettre, dans laquelle vous me donnez tant de details sur Pauline.- Dieu - que vous etes donc bonne - quel ange vous faites! - Cette lettre m'a remue tout le coeur.- Allons - tant mieux si notre fille est bonne et aimante - tant mieux.- Vous voyez bien - je vous le disais - elle vous adore. Oui, elle vous adore - je le sens dans mon coeur.- Cela ne pouvait pas etre autrement.- Maintenant que j'y pense - Sie ist ja meine Tochter.- Je m'empresse de repondre a vos questions.- Oui, elle a ete vaccinee - mais elle n'a pas eu d'autre maladie d'enfant.- Je vous enverrai son extrait de bapteme des que je l'aurai. Vous comprenez bien qu'elle ne peut pas etre elevee dans une autre religion que la notre.- Je vous en prie, envoyez-moi son portrait fait par vous et qu'elle mette au-dessous: "Pauline. Мама рисовала". Embrassez-la de ma part.- Je sens, je sens que je commence a l'aimer veritablement. Mille bonnes choses a ce cher Gounod pour les quelques mots qu'il a mis dans votre lettre2.- Il a bien raison de parler de "l'influence des mam* angeliques auxquelles la petite est remise" - oh oui, an-geliques, et belles, et bienfaisantes, et bien-aimees... Permettez-moi d'y coller mes levres. Merci aussi pour ce que vous me dites des "Huguenots" - et "Sapho" - a quand "Sapho"? - Vous ne me parlez pas du nom de famille que vous avez donne a la petite - s'il n'y en a pas encore - donnez-lui celui de Michel - j'ai une superstition pour ce nom-la - je vous en ai parle et vous en savez quelque chose - D<on>a Miguela3.- Envoyez-moi de son griffonnage.- Je suis si content - j'embrasserais volontiers tous les amis de la rue de Douai - a commencer par mon petit Lou4,- sur ses deux joues, qui, je l'espere, sont grosses et grasses. Vous dites que Pauline s'est mise a sangloter quand elle vous a vue pleurer des suites de l'operation... Je lui revaudrai ces larmes-la.
  

Mardi, 5/17 decembre.

   Bonjour, chere et bonne et genereuse amie.- Il y a aujourd'hui juste six mois que je vous ai vue pour la derniere fois,- une demi-annee.- C'etait - vous le rappelez-vous - le 17 juin... Combien de temps se passera-t-il encore jusqu'a ce que j'aie le bonheur de vous revoir? - Dieu le sait... Une annee peut-etre encore - et je dois le dire - malgre l'eternite de cette annee - ce serait encore si beau que j'ose a peine y croire.- Enfin - nous verrons, nous verrons... J'ai relu la premiere lettre que vous m'avez ecrite apres mon depart...
   A propos de lettre, je vois que j'oublie de nouveau de mettre un numero aux miennes.- Voyons - je recommencerai. Celle-ci sera n® 1.- Je sais par coeur votre derniere lettre - je ne sais combien de fois je l'ai relue! - On a enfin leve les scelles.- Nous n'avons trouve que des papiers insignifiants et en petit nombre - pas un seul acte valable - rien - pas meme une lettre pour nous - elle a tout brule avant sa mort.- Cependant, nous avons trouve un journal ecrit au crayon pendant les derniers mois de sa vie6. Je le parcourrai cette nuit.- Toutes les intrigues ont abouti a neant... Mais y en avait-il! - Le depit, le desir de rejeter la faute sur un autre - a peu a peu ouvert la bouche a tout le monde.- Quel concert de recriminations,- quelles vilenies se decouvrent, Il faut vite y mettre le hola - en payant largement toutes ces avidites - et en debarrasser la maison.- J'ai gagne a tous ces desagrements un type de Tartuffe femelle, compose d'un melange de bonhomie presque enfantine et de ruse diabolique, tres origi-, nal et tres degoutant.- Si nous nous revoyons - non, je veux dire - quand nous nous reverrons, j'aurai une fouie-de choses a vous raconter.- A propos - il faut que je vous dise mon chagrin - imaginez-vous que cette petite Assen-ka, cet enfant etrange et charmant dont je vous parlais - a tout a coup grandi, enlaidi et s'est abeti. La Nature a repris ses droits - car si ce changement n'avait pas eu lieu, elle serait probablement morte - comme tous les enfants precoces - mais c'est dommage.- C'est plus sain, plus naturel, mais beaucoup moins interessant.- Cependant, la femme de mon frere va l'elever comme sa fille6. Ma belle-soeur est une tres brave et bonne personne, que j'aime beaucoup.
  
   Minuit et demi.
   Je reviens de chez la comtesse S<ailhas> et ne veux pas me coucher sans vous dire bonsoir.- Ce matin, avant le diner, j'ai lu la petite comedie que j'ai dernierement faite a Petersbourg chez une autre comtesse (peste!), chez la femme du frere du comte Sollogoub, de celui, que vous avez connu a Vienne7.-Imaginez-vous qu'il est devenu fou, presque idiot.- Cette petite comedie a eu un grand succes - je l'ai deja lue a la Csse Sailhas, a Stchepkine.- A propos - j'ai revu Solovoi et sa femme qui n'est autre que la soeur de cette meme comtesse Sailhas.- Il m'a demande de vos nouvelles.- Mais il me fait l'effet d'un lievre devenu melancolique. Vous ai-je dit que j'ai rencontre deux jours avant mon depart de Petersbourg Goulevitch chez le Cte Wielhorski? - Il m'a embrasse avec effusion - et m'a accable de questions - sur vous - celui-la est un bon diable et il vous aime sincerement.- J'irai le voir des que je serai de retour a St. P<etersbourg> - Je dois aller demain au theatre. On y donne ma piece en trois actes, "Le Celibataire" avec Stchepkine. Je me mettrai dans une loge grillee - je crois que j'aurai peur. Le 2d acte est d'un froid glacial.- Cette piece a deja ete donnee plusieurs fois8.
   Bonne nuit - je vais me coucher.- Avant de m'endor-mir, je lirai le journal de ma mere - qui n'a echappe au feu que par hasard.- Si je pouvais vous voir en songe - - cela m'est arrive il y a 4 ou 5 jours,- Il me semblait que je revenais a Courtavenel pendant une inondation - je voyais d'enormes poissons glisser au-dessus de l'herbe submergee - dans la cour - j'entre dans le vestibule - je vous vois - je vous tends la main - vous vous mettez a rire. Le rire m'a fait mal - je ne sais pourquoi je vous raconte ce songe-la.
   Bonne nuit.- Que Dieu veille sur vous... A propos de rire, l'avez-vous toujours si adorablement vrai et bon - et malicieux? J'aimerais a l'entendre - ne fut-ce qu'un instant - cette charmante explosion qui arrive ordinairement vers la fin - bonsoir - bonsoir.
  

Vendredi matin - 8/20 decembre.

   i'ai eu beaucoup d'emotions diverses depuis mardi.- La plus forte m'a ete causee par la lecture du journal de ma mere... Quelle femme, mon amie - quelle femme! - Je n'ai pu fermer l'oeil de toute la nuit.- Que Dieu lui pardonne tout... mais quelle vie...
   Je vous assure que j'en suis encore tout etourdi.- Oh oui - soyons vrais et bons - ne fut-ce que pour ne pas mourir ainsi... Je vous montrerai un jour ce journal - l'idee de vous cacher quelque chose meme de penible, mais qui m'interesse - me pese.- Vous savez tout jusqu'a present. Vous saurez tout jusqu'au bout - a moins que vous ne me disiez vous-meme de me taire.- Chere et bonne amie - rien que de penser a vous dans cet instant me fait l'effet d'un flot de lumiere pur et doux - je tends mes mains vers vous et je vous benis du plus profond de mon coeur.
   J'ai eu une emotion d'un autre genre avant-hier soir. J'ai assiste dans une loge grillee a la representation de ma comedie.- Le public a ete extremement chaud - le troisieme acte surtout a eu un tres grand succes.- J'avoue que cela fait plaisir.- Stchepkine a ete admirable de verite, de sensibilite, d'entrain - on l'a rappele 1 fois apres le 2eme acte, 2 fois dans le courant du 3eme et deux fois apres.- Une vieille actrice a ete excellente dans un role de commere, un autre acteur, un certain Jivokini tres bon dans le personnage d'un bon provincial - la jeune premiere a ete passable, un peu gauche, mais naturelle, les autres acteurs - mauvais9.- Mais quelle lecon pour un auteur que d'assister a une representation de sa piece - on a beau faire - on devient, on se sent public - et la moindre longueur, le moindre faux effet vous frappe d'abord comme une etincelle electrique.- Le 2eme acte est decidement manque - et j'ai trouve le public beaucoup trop indulgent.- Cependant - en somme - je suis fort content. Cette epreuve m'a montre que j'ai de la vocation pour le theatre, et qu'avec le temps je pourrai faire de bonnes choses.- Ecoutez, nous pouvons aller jusqu'a 1200 francs par an pour Pauline.- Avant de quitter Moscou je vous en enverrai 800.- Ecrivez-moi de quelle couleur est sa plus jolie robe,- Je me sens de la tendresse pour cet enfant qui vous aime.- Mais vous n'oublierez pas de lui donner vos mains a embrasser, n'est-ce pas? - Pendant toute une minute.- Si elle ne comprend pas encore le francais - vous lui direz en russe: Ещё. Est-elle heureuse-cette petite morveuse-la! L'est-elle!
   Envoyez-moi de ses cheveux - je n'en ai pas. Tiens - vous recevrez cette lettre deja en 1851... Si nous allions nous revoir cette annee? Aber wenn ich es auch konnte, ich komme nur, wenn Sie mich rufen.
   Vous ai-je ecrit que Pauline est nee le 13 mai 1842? Je rabache aussi de cet enfant.- Mais vous savez pourquoi.
  
   Vendredi soir.
   Ce journal ne me sort pas de la tete... Mais voyons, n'y pensons pas.- Je suis seul dans ma petite chambre - il est bien tard - il fait un beau clair de lune - l'eclat de la neige s'est amolli - il est presque doux a l'oeil.- Diane est avec moi - elle a pris beaucoup d'embonpoint et si Dieu lui prete vie - avant un mois elle aura mis au monde des petites qui lui ressembleront - car j'ai trouve ici un Monsieur exactement pareil a Diane - et tres distingue par ses talents. Je veux fonder une race de chiens admirables; je veux qu'on dise avec le temps: voyez-vous ce chien? C'est le petit-fils de la celebre Diane.- Je viens de demander a Diane si elle se souvenait encore de Sultan.- Elle a dresse un peu les oreilles et a cligne de l'oeil d'une facon tres significative.
  
   Samedi 1 heure.
   Le bon papa Stchepkine est venu chez moi des le matin - nous avons beaucoup cause - sa visite m'a fait plaisir - mais elle me vole une page de ma lettre - il faut que je l'envoie a l'instant meme, si je veux qu'elle parte aujourd hui. Je n'ai que le temps de me mettre a vos pieds - et de vous souhaiter tout le bonheur possible.- Mille embrassades a Louis, Gounod, a tout le monde.- Soyez tous heureux et benis.- Je vous aime et vous cheris.
   J'embrasse vos cheres et bienfaisantes mains.- A bientot.

Votre

J. Tourgueneff,

  

1851

  

165. ПОЛИНЕ ВИАРДО

1, 3, 5, 8 (13, 15, 17, 20) января 1851. Москва

  

Moscou.

Lundi 1/13 janvier 1851.

   Bonjour, chere et bonne Madame Viardot, theuerste, liebste Freundinn! Je ne veux pas commencer mon annee sans invoquer ma douce et chere patronne et sans appeler sur elle toutes les benedictions du ciel. Helas! Se peut-il que toute cette annee s'ecoule sans que j'aie le bonheur de vous revoir? C'est une idee bien cruelle et a laquelle il faut cependant que je m'habitue...
   Nous avons passe la soiree d'hier chez un de mes amis, et quand minuit a sonne, vous vous imaginez bien a qui j'ai mentalement porte mon toast! Tout mon etre s'est elance vers mes amis, mes chers amis de la-bas... Que le ciel veille sur eux et les garde!.. Mon coeur est toujours la-bas, je le sens. A demain. Il faut que je sorte, j'ai quelques visites a faire. J'ai une foule de choses a vous communiquer. Ce n'est pas sans raison que je suis reste si longtemps a Moscou. J'ai mene a bonne fin une entreprise assez difficile et delicate. Je vous parlerai de tout cela demain. Aujourd'hui soir, on donne une de mes comedies manuscrites chez la comtesse Sollohoub, un theatre de societe1. On m'a engage d'assister a la representation, mais je me garderai bien de le faire; (je craindrais trop d'y jouer un personnage ridicule. Je vous dirai quel aura ete le resultat. A demain. Mais je veux me mettre a vos pieds et embrasser le pan de votre robe des aujourd'hui, chere, chere, bonne, noble amie. Que le ciel vous protege!
  
   Mercredi, 3 janvier.
   Il parait que ma comedie a eu un tres grand succes avanl-hier, car on la repete aujourd'hui, et je viens de recevoir une-invitation pressante d'y aller ce soir. Cette fois-ci j'irai; je ne veux pas avoir l'air de me donner des airs. J'ai donne hier un diner d'adieu a mes amis, nous etions en tout vingt personnes. Il faut avouer que vers la fin de la soiree nous etions tous on ne peut plus animes. Il y avait entre autres un acteur comique d'un tres grand talent, M. Sadofski, qui nous a fait mourir de rire, en improvisant des scenes, des dialogues de paysans, etc. Il a beaucoup d'imagination et une verite de Jeu, d'intonation et de geste, que je n'ai presque jamais rencontree aussi parfaite. Il n'y a rien de si bon a voir que l'art devenu nature. Je vous avais promis hier de vous dire pourquoi je suis reste a Moscou beaucoup plus longtemps que je ne m'y attendais. Voici en peu de mots la raison: il y avait deux personnes, deux femmes a eloigner de la maison, ou elles mettaient la discorde a chaque instant. Pour l'une d'elles la chose n'a pas ete difficile (c'etait une veuve d'une quarantaine d'annees2, que ma mere avait eue pres d'elle pendant les derniers mois de sa vie), on l'a largement payee et priee d'aller chercher une autre maison que la notre. L'autre etait cette jeune fille que ma mere avait adoptee3, une vraie Mme Lafarge4, fausse, mechante, rusee et sans coeur. Il me serait impossible de vous dire tout ce que cette petite vipere a fait de mal. Elle avait entortille mon frere, qui, dans sa bonte naive, la prenait pour un ange: elle est allee jusqu'a calomnier odieusement son propre pere, et puis, quand j'ai reussi par le plus grand des hasards, a saisir le fil de toute cette intrigue, elle a tout avoue, elle nous a braves avec une insolence, un aplomb qui m'a l'ait penser a Tartuffe ordonnant, chapeau en tete, a Orgon, de quitter sa maison5. Il etait impossible de la garder plus longtemps, et cependant nous ne pouvions pas la mettre sur le pave... Son propre pere refusait de la prendre chez lui (il est marie, a une grande famille)6. Notre situation etait tres embarrassante. Enfin, heureusement, il s'est trouve une personne, un docteur7, ami du pere de la demoiselle, qui a consenti de s'en charger en la prevenant d'avance qu'elle serait gardee a vue. Mon frere et moi, nous lui avons donne une lettre de change de 60 000 francs payables dans trois ans avec 6 p<our> c<ent> d'interet, toute la gar-derobe de ma mere, etc., etc. Elle nous a donne un recu, et nous en voila quittes! Ouf! ca a ete une lourde charge. Je ne sais ce qui serait resulte de son sejour chez mon frere, mais je sais que nous ne respirons que depuis qu'elle n'est plus la. Quelle mauvaise et perverse nature, a 17 ans! Cela promet. Il est vrai qu'elle a recu une education detestable... Enfin, n'en parlons plus, elle est contente et nous aussi. Cependant, je vous avoue que je ne suis pas fait pour de pareilles operations! J'y mets assez de sang-froid et de resolution, mais cela me detraque les nerfs horriblement. J'ai trop pris l'habitude de vivre avec de bonnes et honnetes gens. La mechancete, la perfidie surtout ne me fait pas peur, mais elle me souleve le coeur. Il m'a ete impossible de travailler pendant ces derniers quinze jours... A demain. Je pars vendredi ou samedi au plus tard. Voyons, donnez-moi vos deux cheres, bonnes et douces mains, que je les presse longtemps sur mes yeux et sur mes levres, et que votre bienfaisante et noble image chasse loin de moi tous les vilains et mauvais souvenirs...
  
   Vendredi 5.
   Eh bien, en effet, j'ai eu un grand succes avant-hier. Les acteurs ont ete detestables, surtout la jeune premiere (une princesse Tcherkassky), ce qui n'a empeche ni le public d'applaudir a outrance, ni moi d'aller les remercier avec effusion derriere les coulisses. J'ai ete, malgre tout, assez content d'avoir assiste a cette representation. Je crois que ma piece aura du succes sur le theatre, puisqu'elle a plu, malgre le massacre des dilettanti. (On la donne a Petersbourg le 20, ici le 18 8.) J'ai ete tres fete, complimente, etc., etc. C'est tout de meme drole de se voir jouer. Je pars demain, mais je vous ecrirai encore avant do partir. Il me tarde d'avoir une lettre de vous. On ne me les envoie plus a Moscou, elles m'attendent a Petersbourg... A demain. Tausend Russe den lieben Fiissen!
  
   Lundi 8.
   L'homme propose et Dieu dispose, chere Madame Viardot. Je devais partir samedi, et me voila encore a Moscou. J'ai attrape une toux, et, aussi longtemps qu'elle durera, il me sera impossible de quitter ma chambre. J'espere qu' elle passera dans peu de jours. Ce contretemps m'est assez desagreable, mais il faut s'y resigner.
   Hier, Diane a mis bas sept petits, blancs et jaunes comme elle, 6 chiens et une chienne. Sa tendresse de mere va jusqu'a la ferocite, et elle fait des yeux terribles quand Je touche un de ses petits. Les autres n'osent pas seulement s'approcher d'elle. Je vous envoie cette lettre aujourd'hui, mais je vous ecrirai encore une fois avant de partir. J'espere que je pourrai le faire jeudi. Il y a plus de deux mois que la petite Pauline est a Paris. Comment va-t-elle, et fait-elle des progres? Je suis certain de trouver des details qui la concernent dans vos lettres qui m'attendent a Petersbourg, car je suis sur qu'il y en a la-bas au moins deux. Je vous aime et vous embrasse tous. Tiens, une idee. Si j'ecrivais a Gounod au lieu de vous ecrire avant mon depart?
   C'est ce que le ferai, Ainsi, adieu jusqu'a Petersbourg.

Votre

J. Tourgueneff.

  

166. К. С АКСАКОВУ

8 (20) января 1851 (?). Москва

  
   Извините меня, любезный Аксаков, если я не могу сдержать своего слова - мне что-то очень нездоровится - и я решился остаться дома и даже лечь в постель. Я надеюсь, что это скоро пройдет - и что я буду иметь удовольствие провести у Вас на днях вечер - положим в середу - если этот день Вы не отозваны,- До свидания - жму Вам дружески руку и остаюсь

Ваш

И. Тургенев.

   Понедельник.
   На обороте:

Его высокоблагородию

Константину Сергеевичу Аксакову.

В Н<ово>-Иерусалимском переулке,

в доме Высоцкой.

  

167. К. С. АКСАКОВУ

10 (22) января 1851 (?). Москва

  
   Я было попробовал выехать вчера, любезный Аксаков - и глупо сделал: сегодня мне опять хуже - опять кашляю и пр. Тем более мне досадно, что Вы меня не застали. Вы, кажется, спрашивали о нашем человеке, Сергее - мы можем смело Вам его рекомендовать,- Надеюсь, что все Ваши здоровы - я не уеду отсюда, не побывавши у Вас - но когда я уеду? - вот вопрос, которого я не умею разрешить1. Во всяком случае, жму Вам дружески руку и остаюсь

Ваш

Ив. Тургенев.

   Середа.
  

168. ПОЛИНЕ ВИАРДО

17, 18, 19, 22 января (29, 30, 31 января, 3 февраля) 1861. Москва

  

Moscou.

Mercredi, 17/29 janvier 1851.

   Je releve de maladie, comme Jodelet dans "Les precieuses ridicules"1, chere et bonne amie; j'ai eu une fievre catarrhal assez forte, qui m'a mis sur le flanc pendant 4 jours.-Ce qui m'est surtout desagreable - c'est le retard que cette maladie a apporte a mon voyage - et ce qu'il y a surtout de desagreable dans ce retard - c'est qu'il me prive de vos lettres qui m'attendent a Petersbourg - {Далее зачеркнуто: lettres} et que j'ai eu la betise de ne pas faire venir ici - j'esperais toujours pouvoir partir. Il est tres probable que je resterai ici une semaine encore - vous ne sauriez croire quel vide me fait l'absence de vos lettres - il y a si longtemps que je ne recois pas de vos nouvelles - j'en suis tout desoriente! - J 'espere que vous vous portez bien et qua vous pensez quelquefois a l'homme qui vous cherit de toutes les forces de son ame. Vous savez qui cela est - n'est-ce pas? -
   On donne demain une comedie que j'ai composee pour les acteurs de Petersbourg - mais que Stchepkine m'a demandee pour son benefice2.- Je n'ai rien a refuser a ce brave et digne homme.- Si je ne me sens pas trop mal, j'irai a la premiere representation.- Jusqu'a present, je ne ressens pas la moindre agitation.- Nous verrons demain.- Il parait que la jeune premiere est detestable.- Enfin - nous verrons. Adieu jusqu'a domain, chere et bonne amie. Je vous invoque et me mets sous votre protection, chere patronne.
  
   Jeudi,
   1 h. du matin.
   C'est donc pour ce soir. Cela commence a me faire un peu d'effet.- Malheureusement je me sens {Далее зачеркнуто: mal} plus mal qu' hier - et le docteur vient de me conseiller de ne pas sortir ce soir.- Ce serait cependant desagreable. Mon frere y va avec sa femme.- C'est une petite comedie en un acte qui a pour titre: "Une provinciale". La donnee en est assez simple - tout depend du jeu des deux acteurs principaux; l'un est bon, a ce que l'on dit - l'autre (ou plutot l'actrice) est tres mauvais3,- La salle sera pleine.- Stchepkine vient de m'envoyer un billet pour une loge d'en haut,- Je crois que j'irai, quoique je me sente mal - j'ai une chaleur de tous les diables,-
  
   7 heures du soir.-
   J'ai 80 pulsations par minute - et je vais au theatre.- Je ne puis pas rester a la maison.- Je vous serre les deux mains bien fort - et je pars.- Que vous ecrirai-je en rentrant?
  
   11 heures.
   Par exemple, je m'attendais a tout, hormis a un toi succes! - Imaginez-vous qu'on m'a rappele avec des vociferations telles, que je me suis enfui tout eperdu, comme si j'avais mille diables a mes trousses - et mon frero vient de m'apprendre que le vacarme a dure un grand quard d'heure - et n'a cesse que quand Stchepkine est venu annoncer que je n'etais pas au theatre.- Je regrette beaucoup de m'etre enfui - car on a pu croire que je faisais la petite bouche. - - Ma piece a ete assez bien jouee par tout le monde, la jeune premiere exceptee qui a ete detestable - mais en revanche - l'acteur charge du role principal - a ete charmant - c'est un jeune acteur qui se nomme Choumski - il a fait un grand pas dans l'opinion du public - je suis enchante de lui en avoir fourni l'occasion.- Au moment ou la toile s'est levee, j'ai prononce tout bas votre nom - il m'a porte bonheur - mais il faut que je me couche - car j'ai une fievre de cheval.
  
   Vendredi, 2 h.
   L'excursion d'hier ne m'a pas fait beaucoup de mal - j'ai passe une mauvaise nuit - il est vrai - mais aujourd'hui je me sens assez bien.- J'ai vu aujourd'hui plusieurs de mes amis qui sont venus me feliciter - il parait que mon succes a ete en effet tres grand - la salle etait comble - et on a vu de mes ennemis (litteraires) applaudir a tout rompre. Tant mieux - tant mieux.- Le bon Stchepkine est venu m'embrasser et me gronder sur ma fugue.- J'ai l'intention d'envoyer un petit cadeau a Choumski - cela lui fera plaisir.- On donne demain la meme piece a Petersbourg4. C'est cependant agreable d'avoir un succes.- Allons - il faut que cela me serve d'eperon.-
   Imaginez-vous que je viens d'apprendre par un monsieur qui arrive de Petersbourg que le comptoir Iazykoff a plusieurs lettres a mon nom - qu'on n'envoie pas a Moscou, parce qu'on s'attend d'heure en heure a mon arrivee... Cela me cause un depit dont je ne saurais vous donner une idee... Dieu, Dieu, Dieu que je suis betef -
   Permettez-moi de vous remercier pour mon succes d'hier; je m'imagine que si je n'avais pas prononcevotre nom, la chose aurait pris une toute autre tournure.- Je suis si heureux de rattacher toute ma vie a votre cher et bon souvenir - a votre influence. Je vous embrasse les mains avec reconnaissance et tendresse.- Que le Ciel veille sur vous! A demain.
  
   Lundi.
   Je ne vous ai pas ecrit ni samedi, ni dimanche; j'etais languissant, pour ne pas dire bete.- On repete ma piece ce soir - on ne joue ici la comedie que trois fois par semaine.- Je compte sortir aujourd'hui en voiture - il fait un temps superbe.- Les yeux des petits de Diane se sont enfin ouverts a la lumiere: ils sont tres droles, tres gentils et tres bien portants.- Ce serait bien le diable si je devais rester ici plus d'une semaine! - J'ai recu une foule de visites etc., etc.- Ce sont des compliments a perte de vue etc.- Je vous le dis parce que je sais que cela vous fera plaisir.- Je suis sur que vous me parlez dans vos lettres de "Sapho"5, des repetitions commencees - (car j'espere bien qu'elles le sont) - et dire que je n'en sais rien par ma faute! - Mais je les aurai ces lettres dans 4 jours.- Je vous ecrirai alors un volume - et pour Gounod - je vous repete, je ne quitterai pas Moscou sans lui avoir ecrit une grande lettre.- Que fait la petite Pauline? - Est-elle sage? Apprend-elle le francais et le piano? -
   Adieu; je vous embrasse tous, tous avec une tendresse indicible; je commence par vous; puis - Viardot; puis Gounod; puis Mme Garcia; puis Mme Gounod; puis Mlle Berthe; puis el Marinero Espanol y su mujer6; puis Manuel; puis Louise; puis tout le monde - tous les amis et je finis par vous.- Mes chers amis, mon coeur est avec vous.- Adieu - portez-vous bien; soyez heureux et contents et n'oubliez pas votre fidele ami J. Toyrgueneff.
   Tiens - je viens de m'apercevoir que dans ma nomenclature j'ai oublie la petite Pauline - dites-lui que je l'embrasse deux fois.- No. Je vous enverrai les 1200 fr. des mon arrivee a Petersbourg7.
  

169. В. Н. БОГДАНОВИЧ-ЛУТОВИНОВОЙ

Конец декабря ст. ст. 1850-26 января (7 февраля) 1851 <?>. Москва

  
   Извините меня, любезная Варвара Николаевна - если я не могу исполнить сегодня моего обещания - деньги я получу только в понедельник и следовательно прошу Вас подождать до того дня.- В понедельник в 12 часов я у Вас буду.

Остаюсь

готовый к услугам

Иван Тургенев.

   Пятница утром.
  

170. А. А. КРАЕВСКОМУ

20-е числа января ст. ст. 1851. Москва

  
   У меня есть до вас просьба, любезный А<ндрей> А<лександрович>, на которую обыкновенно господа редакторы соглашаются весьма неохотно, а именно: я прошу вас сделать мне одолжение поместить в "Отечественных) записках" следующий перечень ошибок, находящихся в "Провинциалке", одноактной комедии, помещенной в первом нумере вашего журнала1. Их, действительно, много; но я спешу объявить, что в этой неисправности виноват один я. Бывши вынужден, по домашним обстоятельствам, неожиданно скоро уехать из Петербурга, я не успел переписать "Провинциалку"2 и поручил это дело писцу, который, несмотря на всё свое старание, не мог не наделать множества ошибок, из которых самая неприятная та, что он заставляет графа петь дуэт с г-жею Ступендьевой. Эта вариянта была точно выставлена мною на полях, на случай, если б особый талант или желание артистки, словом, если б театральные условия потребовали дуэта3; но я очень хорошо знал, что это неправдоподобно: можно предположить, что женщина, живя долго в глуши, не забыла играть на фортепьяно, но почти невозможно думать, чтоб она могла петь a livre ouvert. Переписчик мой сделал эту ошибку, болезнь помешала мне вернуться ко времени выхода первой книжки "Отечественных) записок" - и теперь мне остается попросить извиненья у вас и у читателей в моей нераспорядительности. Что касается до читателей, то вы, пожалуй, заметите, что в их глазах от моих поправок моя пьеска ничего не выиграет и не проиграет, что они даже, может быть, и не обратили внимания на те ошибки, но я все-таки думаю, что исполняю свой долг перед ними, и, может быть, эти поправки не Совсем будут бесполезны для тех, которым бы вздумалось разыграть "Провинциалку") на домашнем театре4.
   С искренним уважением и преданностью остаюсь и т. д.

Автор "Провинциалки",

Стр

Строка

Напечатано:

Читай:

3

15 "

вверху:

слушай

глупая

"

20

"

на канате

на бечевках

"

26

"

Любин граф

Любин... Граф Любин

7

5

"

О зачем

И зачем

12

9

"

Ожиданья меня замучат

Ожиданье меня замучит

"

на последней снизу:

(Улыбается)

(Умолкает)

15

10

сверху:

мне

мои

19

12

"

невежливыми

навязчивыми

19

24

"

женщина

жемчужина

19

32

"

("influence")


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  • Категория: Книги | Добавил: Armush (26.11.2012)
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